ACTU & SOCIÉTÉ

Les métamorphoses de Rabat

Publié le : 13/08/2018 - Sortir : Mohamed Ameskane


Rabat, Ribat al Fath, la capitale administrative du Royaume, est en train de subir un lifting de jouvence. La cité, dans le cadre de la Ville des Lumières, Capitale de la Culture, est un grand chantier… ouvert.



Après des projets d’envergure tels la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc, le tramway qui traverse la ville du bout en bout, du fin fond de Salé jusqu’â Madinat Al Irfan, au bénéfice des étudiants et autres fonctionnaires, le Musée D’art Contemporain et Moderne Mohammed VI… Une infinité de projets, entre rénovation et création, ne vont pas tarder à voir le jour.
Je suis en train de rédiger ce papier sur les hauteurs de l’hôtel Terminus. L’hôtel a été fermé pendant des années. L’un des premiers immeubles construits à Rabat, délabré à une certaine époque, a finalement ouvert ses portes offrant un chic d’une modernité inouïe. Sur cette terrasse avec des vues plongeantes: Une sur l’avenue Mohammed V, ex Dar El Makhzen, aboutit à l’océan, en passant par l’Agza, une autre conduit votre regard vers la cathédrale Saint-Pierre, en traversant la place des Alaouites, une autre vous fait voyager sur le boulevard de la Victoire après avoir passé la porte de Bab Rouah, la dernière plonge sur la Palais Royal, le Méchouar sans oublier Jamaà Sounna. Enfin Rabat a sa terrasse panoramique comme Marrakech a sa Renaissance de Gueliz et Casablanca son bar-restaurant des Twin Towers…

Laissant le Terminus, devenu Terminus Grand Hôtel, et enjambant le boulevard Mohamed V. Avec la LGV (le TGV marocain), la gare Rabat-ville est en pleine transformation. Mais le cachet original de monument historique d’art néo-mauresque sera sauvegardé se transformant en musée galerie d’art. Le parlement est agrandi. Derrière est niché le fameux palais Tazi qui est dans l’optique de la rénovation, peut-être pour en faire un palace ?
En face du parlement se dresse l’hôtel Balima. Fermée, sa fameuse terrasse, lieu de tous les rendez-vous, est vide de ses chaises et de ses clients. L’hôtel est aussi en travaux. À sa réouverture retrouvera-t-il sa splendeur des années trente ? Après la transformation de l’ex café des ambassadeurs en Grand Comptoir, devenue Casa Jose, c’est tout le patrimoine de la famille Balima qui va être rénové dont le Colisée qui ouvrira incessamment, métamorphosé en multiplexe de quatre salles de cinéma. Il vient enrichir l’offre pour le grand plaisir des cinéphiles après la rénovation de l’ancien théâtre-cinéma la Renaissance et la création de la fondation Hiba. Un vrai centre culturel avec cinéma, café au premier et autres étages destinés à la création juvénile.

Un peu plus loin la Banque du Maroc est en plein travaux. On gardera la façade, mais tout l’intérieur sera ultra moderne. Ce qu’on appelle le « façadisme », technique architecturale, qui a sauvé plusieurs monuments parisiens. Dommage qu’elle n’ait pas été utilisée pour sauver l’hôtel Lincoln à Casablanca sur le boulevard Mohamed V comme elle a sauvé l’agence de la Société Générale Marocaine de Banque un peu plus loin sur le même boulevard, en face du Petit Poucet.
Derrière la banque du Maroc, en travaux, le musée reste ouvert. Un bijou hélas pas assez connu! En parlant de musées, en face le musée de la poste est en travaux. Celui de l’archéologie a ouvert ses portes il y a des mois sous une nouvelle nomination, Musée de l’Histoire et des Civilisations de Rabat. Un vrai bijou. On attend avec impatience la réouverture de celui des Oudayas destiné au Caftan et à l’histoire du costume.

On peut parler des projets de Bouregreg dont le théâtre qui émerge tout doucement avec sa forme de grenouille en béton armé, de la plus haute tour d’Afrique dont les travaux ont commencé…
Quand aux jardins, après le réhabilitation du jardin d’essai, Nouzhat Hassan, ex Triangle Vert, est en plein aménagement, sans oublier le nouveau Mountazah Hassan II, à la sortie de Bab Zaer, un enchantement. Décidemment Rabat est une vraie ville verte.

Mais, hélas il y’a toujours un mais, il y’a une tache noire sur le boulevard. Il s’agit de l’ancien ministère de l’information, un vrai bijou architectural, devenu repère des petits voyous qui agressent les passants une fois la nuit tombée. Le mur qui le cachait avait disparu il y a quelques années pour aérer la place et le jardin et donner à voir la beauté du monument. On ne peut qu’espérer qu’une décision ne tardera pas à le sauver. Et on aura notre Champs-Elysées !