Portrait

Kenza Bennani

Publié le : 10/02/2021 - Sortir Mag


Le collage renaît de ses cendres. S’il était le meilleur ami des avant-gardes, il s’exhibe aujourd’hui sur la Toile. Sexy, graphique, visionnaire ou insolent, le collage prend possession des réseaux sociaux, avec en ligne de mire la plateforme n°1 de l’image : Instagram.
Kenza Bennani l’a bien compris et opère sur son compte ''Knizzart'' un travail qui additionne parfaitement vintage et glamour. Ses "photocollages", qui conjuguent différents éléments provenant de sources variées, sont la fabuleuse superposition de deux temps. Les créations colorées de Kenza donnent rendez-vous à l'instant même au réel et à la fantaisie.
On a voulu en savoir plus à propos de cette artiste exubérante et de son univers inclassable…



Quel est votre parcours ?
J’ai eu un parcours universitaire un peu éclectique. A 18 ans, après avoir obtenu mon bac ES au lycée Descartes, ici à Rabat, je ne savais pas trop ce que je voulais faire, et toutes les options « classiques » ne me tentaient absolument pas. J’aimais bien l’idée d’être avocate d’affaire mais je n’avais aucune idée de ce que ça signifiait exactement. Je me suis tout de même inscrite en licence de droit à l’université Paris II Assas et j’ai suivi le cursus tant bien que mal pendant 2 ans et demi.
Et puis, un jour, peut être un déclic : Je me suis rendue compte que je me rendais malade à suivre une voie qui ne me convenait pas et que peut être je serai plus épanouie ailleurs. Alors j’ai tout arrêté, j’ai fais un marathon de Friends pendant 10 jours et je suis allée voir ma conseillère d’orientation. Je lui parlé de mes passions, de mon impression que le droit « était trop carré », pas assez « créatif » et elle m’a dit « Et sinon, vous avez pensé à la communication ? ». Non, non je n’y avais pas pensé.
La rentrée suivante, j’ai redémarré une licence à l’Institut Supérieur de Communication à Paris en communication globale des marques. C’était une révélation ! J’ai effectué là bas un cycle international, dès la 3ème année, avec des profs anglo saxons des quatre coins du monde et en travaillant sur des projets ayant lieu à Montreal comme à Tokyo (depuis ma salle de cours à St Lazare). J’ai eu la chance d'effectuer un stage à Madrid, ma ville de coeur, de découvrir de nombreuses cultures.
Après tout ça, j'ai travaillé un an et demi en tant qu’assistante RP à l’agence de publicité BUZZMAN à Paris, sur des comptes comme BURGER KING ou IKEA avant de rentrer au Maroc.
Aujourd’hui je suis responsable de communication pour une enseigne de grande distribution et je m’éclate tous les jours à penser en dehors de cette fameuse boite, sans jamais me prendre au sérieux.

Comment êtes-vous venue à l'art ?
Je crois que je suis tombée dans la marmite déjà toute petite. Ma mère a géré une galerie pendant de nombreuses années et mon père et elle, sont aujourd’hui encore de grands amateurs d’art. Quant - à - moi, j’étais plus attirée par les arts écrits que visuels. A 16 ans j’ai participé au concours Poésie en Liberté et j’ai obtenu un 3ème prix et une mention spéciale. J’ai continué à écrire par la suite, mais je me suis essayée à d’autres styles comme des courtes nouvelles, des essais etc...
J’ai toujours aimé écrire mais l’art comme le dessin ou la peinture, ce n’était pas fait pour moi. J’avais bien pris des cours plus jeune mais il était force de s’avouer que je n’avais pas « le truc ». Je préférais la photographie ou la vidéo.
Et puis le confinement est arrivé. Je scrollais sur Instagram un jour et j’ai découvert une application de collage. J’ai voulu essayer et m’amuser et amuser mes amis. 1 an plus tard, mon utilisation quotidienne de mon téléphone a triplé, ma facture chez l’ophtalmo aussi, ma gallerie Pinterest et celle de mon téléphone sont un bazar sans nom, mais je suis sur le point de préparer ma première exposition ! Ça valait le coup !

Quels sont vos projets aujourd’hui ?
Lorsque j’ai commencé ma page Instagram Knizzart avec quelques collages, je ne pensais pas que ça allait attirer une audience, mais cela a été le cas ! Cela m'a motivée à continuer à créer et mes amis, m’ont extrêmement soutenue pour aller encore plus loin ! Aujourd’hui, grâce à eux, et grâce à Asma surtout, ma binôme dans cette aventure, la marque Knizzart voit le jour !
Je commence à vendre mes créations en affiches et en toiles sur ma page et je travaille pour développer de nouveaux supports pour ces collages. Je prépare également un événement dans un lieu encore secret à Rabat pour faire découvrir mes œuvres et celles d’autres artistes émergents, très bientôt !
Bref, si vous voulez en savoir plus, suivez moi sur ma page Instagram @knizzart.

Quel lien avez-vous avec Rabat ?
C’est la ville qui m’a vu grandir, qui m’a forgée. On dit souvent que l’on n’apprécie réellement quelque chose que lorsqu'on la quitte. Je suis tout à fait d’accord. J’ai quitté Rabat à 18 ans et c’est à ce moment - là, coincée en heure de pointe dans le métro de la ligne 13 que j’ai commencé à apprécier ma ville. De retour à 28 ans, je l’ai redécouverte. Je ne pensais pas que j’allais me réintégrer rapidement, surtout après 10 ans à Paris où j'ai laissé tous mes amis, mes habitudes, mes endroits favoris, mais elle m’a reconquise tellement vite !
Aujourd’hui, j’adore aller me promener à la médina, aller voir une expo au Musée National de la Photographie dans l'enceinte du Fort Rottembourg, aller manger à la Mamma ou des spécialité judéo marocaines à Zerda, découvrir des nouveaux petits coins à chaque bout de rue. On dit souvent que Rabat est très calme, qu’il ne s’y passe pas grand - chose, que c’est un dortoir, mais depuis quelques années, Rabat pour moi, s’est métamorphosée en une grande place dynamique et artistique, qui m’inspire profondément !