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Les mille et une Rabat

Publié le : 30/10/2020 - Sortir - Mohamed Ameskane


La bibliographie de la Capitale du Royaume vient de s’enrichir par un beau livre incontournable, Rabat, sérénité et rayonnement. Un livre à lire, à admirer et à offrir. Lecture.



dité par Axions Communication, avec le soutien du Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports et imprimé chez Toumi au mois d’avril 2020, le beau livre réunit pas moins de vingt et une signatures de spécialistes passionnés de la ville sous la direction éditoriale de Mohamed Nabil Benabdallah et Saâd Hossini. Rehaussé par de belles images, en pleine page sinon sur deux pages, des photographes Teddy Sequin, Maxime Mienne et Hassan Nadim, "Rabat Sérénité et Rayonnement" se lit et se regarde avec à la fois intérêt et jouissance.
Abdelhak El Mrini : fenêtre sur l’histoire de la ville de Rabat, Abdeljalil Lahjomri : Rabat, patrimoine universel, Abdelkrim Bennani : Rabat, capitale culturelle du Maroc et David Toledano :
Rabat, ville du vivre ensemble, ouvrent le bal avec le premier chapitre au titre évocateur : Rabat,joyau du royaume. Après ces introductions inaugurales, concoctées par des personnalités ancrées dans le paysage de la Cité, le lecteur déambule, à travers quatre autres chapitres, dans les méandres historiques, géographiques, politiques, sociaux et culturels des mille et un visages de la capitale du Royaume : Rabat, l’historique, Rabat, une authenticité aux couleurs multiples, Rabat, ville des lumières, Nature, sport et loisirs, la grande métropole de l’avenir.

Une ville au fil du temps et de l’eau
A la lecture, on plonge dans le passé mythique des temps des Gétules, premiers habitants du site, des vestiges almoravides ; Qasabat Al Amir Tachefine, et surtout de l’épopée almohade. Le nom de la ville reste lié aux sultans Abdelmoumen, Abu Yacoub Youssef et surtout à Abu Youssef Yacoub Al Mansour, le glorieux. Après son écrasante victoire d’Alarcos, le Ribat Al Fath fut appelé aussi Fort de la Joie. La ville se dote de remparts, de la Tour Hassan en 1184, repère désormais emblématique de la Cité et d’autres sites. Sur les traces des Almohades se sont ajoutés les œuvres des Mérinides et Alaouites.
L’étape du débarquement des andalous, expulsés par l’Inquisition, transforma la configuration sociale et culturelle de la ville. Refusés par Salé le vieux et considérés pas assez musulmans, ils se refugient dans la qasba des Oudayas et dans la Médina. L’épopée de la République de Bouregreg, avec son Diwan, ses corsaires et leurs exploits, ravivent toujours les imaginations. Ce fut le temps où Rabat prend des airs cosmopolites et une lengua franca s’y développe où se mêlent l’arabe, le français, l’espagnol, le portugais et l’italien.
Pour apprécier les monuments, l’ambiance et les charmes de la Cité, il faut prendre son temps et y flâner sans but précis. C’est la démarche de Rémy Beaurieux, que cite Abdeljalil Lahjomri, dans Rabat, guide sentimental, sorti en 1928. Ainsi le flâneur découvre les secrets de la ville. L’ Oudayas ;
évoquée dans Robinson Crusoé, le Chellah cher aux frères Tharaud, les remparts Almohades, Andalous et Alaouites, les portes, les moquées, les saints et saintes, les Zaouias d’une infinité de confréries et cet art de vivre d’une modernité avant-gardiste que les andalous et autres morisques ont importés des vestiges de la civilisation andalouse avec son architecture, sa musique Al Ala, sa gastronomie, ses modes vestimentaires et autres savoir faire artisanaux. Cet art de vivre ne se donne à voir qu’aux initiés qui ont la chance de franchir les portes des demeures palatiales du côté de Saqait Bel Mekki de la Médina.
Comment parler de la vie sans parler de l’eau, l’eau écumeuse de l’atlantique ; l’eau de son fleuve mythique le Bouregreg, et celle des sources environnantes. Grâce à cette manne, la ville est considérée comme cité jardin. Outre les anciennes bhirates et les plaines verdoyantes qui l’entourent, celles du temps des Nezahas, la ville compte une infinité de jardins dont le plus récent est le beau montazah Hassan II.

Au temps de la colonie
Le maréchal Lyautey, ses ingénieurs, paysagistes et autres architectes ont métamorphosé la ville. Désormais capitale officielle du Royaume, elle  se dote des instruments du pouvoir administratif et régalien. Les nouveaux monuments, conçus par les équipes de Henri Prost, Adrien Laforgue ,
Albert Laprade… La cité administrative, la résidence, la poste, la Banque du Maroc, la gare, la cathédrale Saint Pierre… sont les nouveaux visages du Maroc colonial avec une architecture innovante dite néo mauresque qui allie l’art déco et les subtilités de l’art millénaire de l’artisanat national.