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Le Bouregreg : Une Histoire ancestrale...
Publié le : 20/04/2020 - Sortir
L'histoire du Bouregreg est ancienne. A l’origine, le fleuve s’appelait
Oued Sala. Il ne prendra le nom de Bouregreg qu’au 13ème siècle.
Trait
d’union, cordon ombilical ou frontière, l’attribut accolé au Bouregreg
pour qualifier la liaison parfois tumultueuse entre Rabat et Salé est
toujours imagé.
Soeurs rivales, parfois ennemies mais toujours complices, le Bouregreg a constamment posé des problèmes pour sa traversée, car malgré les conflits incessants entre les cités, il y a toujours eu un besoin d’échange des populations qui ne se brassaient pas mais commerçaient en permanence. Depuis l’origine, on traverse en barques. Plusieurs ponts auraient existé, du temps des Almohades, pendant la lutte entre les Andalous de Salé le Neuf et les Salétins de Salé le Vieux au XVIIème siècle, mais tous ont été détruits par les flots, les guerres ou le raz de marée de 1755.
Le 1er pont routier date de 1919, mais largement en amont de l’estuaire, il est peu pratique pour les populations. Il y eut ensuite le bac à vapeur en 1913. Le pont Moulay Hassan qui partait des pieds de la Tour Hassan pour desservir les remparts de Salé datait de 1957. C’est dire qu’on a pris son temps pour réaliser ce pont, les Rbatis soupçonnaient même la confrérie des barcassiers, toute puissante alors puisqu’elle détenait un monopole, d’user de son pouvoir pour entraver sa réalisation. Depuis, on a mis en place le pont tant attendu, qui avec ses trois tabliers a enfin permis un flux de circulation ne vous condamnant pas à de longues minutes d’attente dans les fumées des gaz d’échappement.
Rabat et Salé doivent tout au Bouregreg, grâce à lui Rabat disposait du plus grand port fluvial du Maroc au début du XXème siècle, et ce port fut même, du XV au XVIIIème siècle, époque pendant laquelle les autres ports étaient aux mains des étrangers, Espagnols, Portugais ou Anglais, le seul port marocain qui pouvait ravitailler le pays. C’est par ces villes et la république des Pirates, et par l’intermédiaire de leurs corsaires, que se firent les transactions pour l’ensemble du Maroc et que se négocièrent les traités entre les états européens et le Royaume chérifien. C’est par le commerce et la guerre de course que l’estuaire du Bou Regreg devint pendant cette longue période, le grand port du Nord-Marocain qui exportait des cuirs, des laines, des plumes d’autruches, du cuivre, des fruits et recevait pour l’essentiel des draps, des velours, des cotons et des toiles.
Après une première période de piraterie qui consistait essentiellement au pillage par la population des navires qui s’échouaient sur les côtes piégeuses, les pirates de la République du Bouregreg s’engagèrent pour le compte du Sultan, la piraterie devint “la course” et les pirates des corsaires. Le port de Rabat aurait alors compté jusqu’à soixante vaisseaux en son sein. La “course” prit fin au début du XIXème siècle.
En dehors de la course, le déclin du port de Rabat est dû à plusieurs facteurs : d’abord le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 qui a sans doute renforcé la “barre” océanique à l’embouchure de l’oued, rendant encore plus difficile et aléatoire son accès, ensuite l’envasement permanent qui s’est aggravé par défaut d’entretien mais aussi par la construction du “nouveau” port en 1913, et enfin la concurrence du port de Casablanca nettement plus pratique pour les navires de gros tonnage.
Un projet de développement de la vallée du Bouregreg a été lancé en janvier 2006.Allant de l'estuaire du fleuve au pied de la Kasbah des Oudayas, sur une longueur de 17 km allant jusqu'au barrage "Sidi Mohammed Ben Abdellah" en amont. Parmi ses objectifs, la dépollution de la vallée et l'aménagement du territoire en vue d'en faire un espace de prestige et de cohésion sociale, susceptible de créer des richesses et initier une politique de développement durable.
Trois projets-phares ont été initiés pour faciliter les échanges entre les deux villes jumelles, deux lignes de tramway, un nouveau pont, et un tunnel sous les Oudayas. Sur le volet urbanistique, une cité baptisée « Bab Al Bahr » a été édifié, des résidences, hôtels, commerces et musées, ainsi qu’une cité des arts et métiers.