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Deux saintes de Rabat

Publié le : 21/06/2019 - Sortir


Les Saints et saintes font partie des mythes fondateurs des cités. Sainte Geneviève à Paris, Sainte Fatima au Portugal, Thérèse d’Avila en Espagne... Lalla Aicha El Bahriya à Azemmour, Lalla Taja à Casablanca... Les saintes de Rabat sont discrètes. Zoom sur Lalla Qadiya et Lalla Aicha Tabernoust.



Lalla Qadiya :
Le borj Lalla Qadiya s’élève le long du quai Léon Petit. C’est une puissante tour carrée, qui a reçu le nom d’une pieuse femme, sœur de Lalla Treda, dont le corps repose à l’intérieur de la mosquée El-Guezzarin, rue des consuls. Le sanctuaire de Lalla Qadiya, tout voisin du borj, est des plus vénérés ;
en 1920 encore, on y disait des prières comme dans une mosquée. Les hajji qui revenaient de la Mecque, y passaient la nuit de leur arrivée, racontant leur voyage à leurs amis, en buvant du thé, assis sur des nattes. Un grand palmier s’élève à côté, avec ses feuilles, on faisait autrefois des nœuds pour se protéger des maladies et des démons ».
Le culte, témoigné aux saints dont nous venons de rappeler la légende, n’est peut - être pas toujours absolument conforme aux prescriptions du Coran, mais c’est un besoin des humains que de croire au merveilleux. En tous les cas, il témoigne indiscutablement de la profonde piété des Rbatis.

Lalla Tabernoust :
Lalla Aïcha Tabernoust est le nom que porte, non pas une rue, mais une modeste petite mosquée, sise à l’entrée de la rue Bouqroun, à l’angle des rues Sidi El-Ghazi et Ferran Zitouna. L’historien rbati Mohammed Bou Jendar rapporte que c’était une andalouse, célèbre par ses vertus, son savoir et sa sainteté, et dont les Moriscos avaient amené le corps avec eux, lorsqu’ils étaient venus au Maroc, au début du XVIIe siècle. Mais la légende, recueillie par un de nos compatriotes, il y a plus de 40 ans, est tout autre. Si on l’en croit, Lalla Aïcha Tabernoust était la fille d’un berbère et d’une femme de Rabat, d’origine andalouse. A l’âge de la puberté, elle perdit son père et sa mère et se livra à la débauche pendant deux ans. Cependant, elle racheta ses fautes en se montrant compatissante et pleine de bonté pour une petite fille, conformément aux leçons du prophète, qui recommande d’éviter toute envie aux fillettes comme aux femmes enceintes.

Source : Jacques Caillé, la petite histoire de Rabat, publications de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Rabat, 2012