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Réhabilitation des anciennes Médinas... Renaissance de Ribat Al Fath !

Publié le : 10/01/2019 - Sortir : Mohamed Ameskane


"Rabat Ville Lumière, Capitale Marocaine de la Culture" ! Depuis le lancement de ce slogan - programme par le souverain le 12 mai 2014, la Capitale du Royaume est en chantier. Une infinité de projets phares sont réalisés ou en cours à l’instar du Grand Théâtre concocté par la regrettée Zaha Hadid ou de l’Institut National Supérieur de la Musique et des Arts Chorégraphiques. Ils viennent s’ajouter au Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain, à la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc...



Avec le programme de réhabilitation des anciennes médinas, l’âme de la ville est en train de subir un lifting de jouvence. Il suffit d’y déambuler flânant sans but précis pour s’en apercevoir. C’est ce que j'ai fait, en compagnie de l’ami Tarik Benguit, un dimanche matin ensoleillé en plein hiver ! Une balade de trois heures à la redécouverte des diverses strates historiques d’une médina nous ayant caché longtemps ses charmes ! Il faut relire quelques pages d’écrivains de la période coloniale tels Colette ou les frères Tharaud, et autres Abdallah Laroui, Abdelfettah Kilito, Kamal Lakhdar... et marcher sur leurs pas pour s’imprégner d’une ambiance unique et remonter le temps. Restauration des remparts, des portes historiques, des mosquées et Zaouiyas, des Foundouks traditionnels et réalisation de terrains de proximité et autres espaces verts ...

Notre ballade commença à Bab El Had avec le chantier du parking souterrain. Il vient s’ajouter à celui à proximité du Théâtre Mohammed V, inauguré récemment, à ceux de la gare, de la Mamounia et de la CDG. Rabat enterre ses bagnoles ! La kissaria Oued Dahab est transférée à l’intérieur des remparts avec de beaux magasins, une mosquée et une cafétéria moderne... du marbre et autres lustres ! Elle s’ouvre sur le futur Espace de l’Artisan en train de naître à la place de l’ancienne morgue ! Une très belle place avec fontaine entourée d’échoppes qui vont accueillir les divers métiers de notre riche artisanat.

Le Marché Central est en plein travaux. Dans l’attente de sa réouverture, un marché temporaire est installé en face avec tout le confort requis. Des plaisantins le trouvent mieux que l’ancien ! Quand aux anciens r’batis et autres initiés, ils lui préfèrent le fameux Boukroun !
Moins cher avec une offre riche et diversifiée. On l’enjambe constatant le ravalement des bâtisses, le dallage et embellissement des façades... Une ruelle adjacente nous conduit vers Souk Sabbat. Quelle surprise ! On se croirait dans un bazar d’Istanbul ou de Damas. Du bois dégageant une senteur enivrante, des lustres, de la lumières et les échoppes multicolores. La Babouche est choyée et des vitrines de bijoux, en or et en argent, illuminent l’espace. Les touristes en sont éblouis. Ils prennent des photos tout en se dirigeant vers les Oudayas empruntant la fameuse rue des Consuls. L’Oudaya est plus qu’un quartier, une cité qui mérite tout un long article sinon un livre. La Kasbah avec sa monumentale porte, sa petite et originale mosquée, ses ruelles propres, son jardin, son café maure et son espace panoramique avec vue sur mer. De ces hauteurs, on admire l’horizon et on se remémore son épopée. Phéniciens, Romains, Almohades... L’arrivée des Andalous, la création de la République des corsaires... En bas fut la Caravelle, l’un des plus sympathiques bars de Rabat, hélas disparu !

Revenons à la rue des Consuls avec ses bazars, son histoire et les diverses personnalités internationales y ayant séjourné et surtout ses Kissariats nichées ! Il faut être curieux et flâneur pour les dénicher. Des fondouks en pleine rénovation qui donnent sur le Bouregreg et, au delà, sur Salé.

Après la surprise de Souk Sebbat, c’est la métamorphose de Bab Rehba, place du sel, qui vous laisse coi, sans voix. L’ancienne Joutia, avec ses dealers et autres Guerrabs, le quartier le plus démuni et le plus misérable de la médina, est devenu une placette d’un charme provincial ! Éblouissant ! Les bouquinistes et les brocanteurs sont toujours là et les sardines grillées diffusent une senteur qui vous met l’eau à la bouche. On aboutit sur le Bouregreg, ses deux rives, les berges refaites, les ponts, la marina et le tram qui traverse et retraverse le fleuve...Et les petites barques qui font toujours le va et vient, comme dans le bon vieux temps, à 2,50 Dhs la course ! La traversée en barque sera pour une autre fois ! Allons du côté du Mellah. On suit cette petit allée qui aboutit au tombeau de Sidi Makhlouf. Des travaux partout et c’est toute cette façade, tout comme la façade du boulevard Laalou, qui se transforme. Porte du Mellah, rue centrale et son marché, encore moins cher que Boukroun... Du dallage, du bois... l’ancien Mellah prend de la couleur mais sauvegarde jalousement sa mémoire et celle de la présence juive à Rabat. Les ruelles continuent de porter les noms de quelques saints et autres notabilités.

Bab Mellah réaménagé, Bab Chellah aussi. Les Ferrachas ont laissé la place aux piétons qui découvrent ou redécouvrent Madaris Mohammed VI, Al Majlis Al Ilmi, des espaces verts, des terrains de jeux... et des bancs pour le repos de l'âme et des os !
Rabat, capitale administrative du Royaume, capitale culturelle, ville verte et écologique, ville impériale et touristique....est de plus en plus attractive. N’est elle pas inscrite par l’Unesco, depuis 2012, au patrimoine mondial de l’humanité ?